D’ici à un an, les Français pourront retirer des espèces lors de leur passage en caisse, chez les petits commerçants comme dans les hypermarchés.
Le monde à l’envers : des humains volant le boulot de robots ! Dans quelques mois, les commerçants et les caissières de supermarché feront le travail des distributeurs automatiques de billets. Lors de leur passage en caisse, s’ils règlent par carte bancaire, les consommateurs pourront demander à payer plus que la valeur de leur panier. Ils récupéreront la monnaie, le «trop payé», en argent liquide. Voté en première lecture à l’assemblée nationale, un texte encadrant cette nouvelle pratique commerciale – le «cashback» – est à l’étude au Sénat.
«Le cashback ne pourra être effectué que lors d’un achat chez un commerçant volontaire», explique Nadia Hai, députée LREM de Yvelines, rapporteure du texte. Une nouvelle pratique, qui, pour ce membre de la commission des finances de l’Assemblée nationale, peut faciliter la vie dans les campagnes. «Les petits commerces pourront ainsi se dessaisir de leur monnaie et les consommateurs récupéreront des espèces sans avoir besoin de prendre leur voiture pour se rendre au distributeur, c’est du gagnant-gagnant», assure Nadia Hai.
La grande distribution y est très favorable
Certains magasins situés dans des zones rurales proposent déjà ce genre de service, comme les «Points verts» du Crédit agricole, réservés toutefois à leurs clients. «Là, tous les commerçants qui le souhaitent pourront faire du cashback», souligne Nadia Hai. Le président de l’association des maires ruraux de France, Vanik Berberian, tempère. «Cela peut dépanner, mais ça ne fait pas une politique d’aménagement du territoire», tacle cet élu local.
Plus que les petits commerçants, les vrais militants du cashback sont les enseignes de la grande distribution. «Même si nous disposons d’un réseau de distributeurs automatiques exceptionnel en France, les consommateurs sont demandeurs de ce genre de service qui leur permet de gagner du temps», argumente-t-on à la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), le lobby des grandes surfaces. Le cashback a le bon goût, aussi, de limiter la présence d’argent liquide dans les caisses. «Il optimise les coûts. Ce sont autant d’espèces en moins à manipuler, à stocker, transporter», résume-t-on à la FCD.
Les banques sont plus réservées
Les banques, principales pourvoyeuses d’espèces via les DAB (distributeurs automatiques de billets), dont la gestion est assez coûteuse, ne manifestent pas un enthousiasme excessif. «Avec plus de 55 000 distributeurs et 15 000 points de retraits (Points verts, etc.), nous ne voyons pas de problème particulier d’accès à l’argent liquide», souligne la Fédération bancaire française (FBF). «Si les distributeurs automatiques sont moins fréquentés dans certaines zones, les banques adapteront leur réseau». Bref, il ne faudra pas se plaindre si les banques suppriment des DAB, à l’heure où les retraits marquent le pas en France. Ils ont été au nombre de 1,47 milliard en 2016, en baisse de 2 % par rapport à l’année précédente, pour un montant global de 126,9 milliards d’euros.
Reste qu’avec l’adoption du cashback, dont les modalités précises seront définies par décret, la France va se mettre au diapason de nombre de ses voisins européens qui l’ont déjà adopté, comme le Royaume-Uni. «En Belgique, 6 % des transactions bancaires aux caisses des magasins donnent lieu à du cashback, signale-t-on à la FCD. Il n’y a pas de raison pour que le marché français soit différent».
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